entretien avec Nicolas Badout
Année 60, dans le Cantal. Marcel et Odette, jeunes mariés, reprennent la gérance d’un hôtel . Leur vie paradisiaque est bientôt minée par la jalousie maladive de Marcel. Il est certain que sa femme le trompe. Jusqu’à lui faire vivre un enfer, et sombrer dans la folie.
En 1964, le réalisateur Henri-Georges Clouzot commence le tournage de ‘L’enfer’, avec un budget considérable et un casting prestigieux : Romy Schneider dans le rôle d’Odette et Serge Reggiani dans celui de Marcel. Quelques semaines plus tard, le projet est interrompu.
Pour sa première bande dessinée, Nicolas Badout adapte le film inachevé d’Henri-Georges Clouzot : L’enfer. Il nous présente son album.
Du film inachevé à la bande dessinée
« C’est un film assez mythique. Les ayants droit de Clouzot ne le lâchent pas comme ça. Et du coup, on est arrivés en leur disant : on a envie de faire une BD, mais un peu dans un esprit puriste. C’est à dire qu’on veut vraiment faire revivre le casting de l’époque, les décors de l’époque et surtout le scénario tel qu’il était conçu par Clouzot. »
La couverture de l’album
« C’était comme une évidence pour moi. C’était Marcel en premier plan, avec une moitié de visage qui a l’air “saine”, et l’autre moitié où il a l’air complètement fou, qui est dans l’ombre, un peu comme un monsieur double face. Et puis Romy derrière qui rit aux éclats. Voilà un peu cette vision qu’il avait de cette Romy qui se moque de lui finalement, dans ces couleurs. »
Le scénario
« j’ai eu accès au découpage du film à la Cinémathèque. Donc ça, ça m’a fait une vraie base sur laquelle m’appuyer, où j’ai pu amender la version du scénario. Et puis effectivement, au bout d’un moment, le découpage s’arrête puisque le tournage s’est arrêté et et donc je suis reparti sur le scénario. »
Raconter la violence
« Il n’y a pas une étiquette avec écrit monstre collée sur le front de Marcel. On voit bien que c’est un monsieur tout le monde et qu’Odette en quelque sorte est peut être une madame tout le monde. Et c’est là que la violence du scénario réside vraiment, c’est une histoire qui pourrait arriver partout. »
Le dessin, le noir et blanc, et la couleur
« Charles Burns, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. J’aime beaucoup son dessin. Pour moi, ça a été aussi une école. j’ai découvert aussi la BD grâce à lui. Et puis, ce noir et blanc que je développe, ça marche assez bien avec Clouzot. »
Nicolas Badout, auteur de bande dessinée
« Cette envie de faire une bande dessinée, ça traînait depuis longtemps. Le visionnage du documentaire “L’enfer” d’Henri-Georges Clouzot a vraiment activé chez moi l’envie de faire ça. »
‘L’enfer’. Nicolas Badout. Adapté du film inachevé d’Henri-Georges Clouzot. Sarbacane.